2035 : Interdiction des moteurs thermiques en Europe – voitures électriques, constructeurs et avenir de l’Union européenne

2035 : Interdiction des moteurs thermiques en Europe – voitures électriques, constructeurs et avenir de l’Union européenne

Voiture électrique en charge avec câble branché à une borne de recharge moderne

2035 marquera un tournant historique pour l’automobile en Europe : la fin des moteurs thermiques neufs. Plus qu’une contrainte, cette échéance ouvre un débat passionnant sur l’avenir de la mobilité : choix politiques, innovations technologiques, rôle des hybrides, déploiement des bornes de recharge… Autant de questions qui dessinent dès aujourd’hui le paysage de l’après-thermique et l’évolution du marché européen des voitures électriques.

Mise à jour (octobre 2025)

La Commission européenne avance la clause de revoyure à fin 2025 pour proposer des mesures de flexibilité, sans changer la date 2035 (fin des ventes neuves à 0 g CO₂/km).
Sources : Reuters (12/09/2025), Le Monde (12/09/2025), Commission Européenne

Sommaire

La transition en chiffres

  • En 2035, l’Europe interdit la vente de véhicules thermiques neufs.

  • La transition vers le 100 % électrique est déjà engagée : +24 % de ventes EV au 1er semestre 2025.

  • Autonomie moyenne des nouveaux modèles : 500 km.

  • 59 % des Européens sont prêts à choisir un véhicule électrique pour leur prochain achat.

  • L’enjeu clé : un réseau de recharge fiable et dense pour accompagner cette transformation.

Un choix politique et industriel majeur

En 2023, l’Union européenne a acté l’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs à partir de 2035. Cette décision s’inscrit dans le cadre du Pacte vert européen et de l’objectif de neutralité carbone en 2050. Elle répond aussi à un impératif stratégique : réduire la dépendance énergétique de l’Europe, mise en évidence lors de la crise gazière de 2022.

La Commission européenne a prévu une clause de revoyure en 2026, permettant d’évaluer la faisabilité de l’objectif et d’intégrer d’éventuelles évolutions technologiques. Le débat se concentre notamment sur le rôle des carburants synthétiques (e-fuels), que certains pays comme l’Allemagne ou l’Italie souhaitent préserver comme alternative, tandis que d’autres, comme la France, privilégient une trajectoire claire vers le 100 % électrique.

Ce dilemme illustre une tension entre deux visions :

  • celle de la visibilité industrielle, indispensable pour orienter les investissements et accélérer l’innovation dans le secteur automobile ;
  • celle du compromis à court terme, défendue par certains constructeurs de voitures, qui redoutent une transition trop rapide.

France : où en est-on ?

L’Assemblée nationale a refusé en février 2025 d’inscrire la date européenne de 2035 dans le droit français. Effet juridique : aucun sur l’application du droit de l’UE (primauté). Le vote est symbolique et n’infléchit pas la trajectoire européenne.
Source : Franceinfo (février 2025)

Une transition déjà amorcée

Au-delà du débat politique, les chiffres montrent que la dynamique est engagée. L’étude commandée par ChargeFrance au BCG en 2025 met en évidence :

  • +24 % de ventes de véhicules 100 % électriques (BEV) au 1er semestre 2025 par rapport à 2024,
  • une part de marché projetée entre 90 % et 100 % des immatriculations neuves en 2035,
  • 59 % des Européens se déclarant prêts à choisir un véhicule électrique pour leur prochain achat,
  • une autonomie moyenne de 500 km pour les nouveaux modèles, avec des vitesses de recharge en forte progression.

La conclusion est claire : 2035 ne marquera pas le début de la transition, mais son aboutissement.

Les limites des hybrides rechargeables

Certains acteurs plaident pour maintenir les hybrides rechargeables (PHEV) après 2035. Mais en usage réel, ces véhicules :

  • émettent trois fois plus de CO₂ qu’un véhicule électrique,
  • présentent un coût total de possession supérieur,
  • restent fortement dépendants du pétrole.

Comme le souligne le BCG, l’hybride rechargeable est avant tout « un moteur thermique déguisé en véhicule électrique ». Miser sur cette technologie, c’est risquer de retarder la transition sans répondre aux enjeux climatiques et industriels.

L’infrastructure, condition du succès

Le véritable défi réside désormais dans le déploiement d’une infrastructure de recharge à la hauteur :

En ville

pour les particuliers sans solution domestique et les flottes intensives,

Sur les grands axes

pour assurer la continuité de service et l’attractivité des longs trajets,

Demain pour la logistique lourde et les poids lourds

avec des puissances de recharge encore plus élevées.

Sans un réseau fiable, dense et accessible, l’objectif 2035 resterait théorique et compromettrait la compétitivité européenne face au reste du monde.

Une opportunité pour l’Europe et ses constructeurs

Plutôt qu’une contrainte, l’interdiction du thermique doit être considérée comme une formidable opportunité industrielle. L’Europe dispose d’atouts uniques :

  • un marché déjà dynamique,
  • un savoir-faire technologique reconnu chez les constructeurs européens,
  • et, dans le cas de la France, un mix électrique décarboné, compétitif et stable.

Cela permet de renforcer la souveraineté énergétique, de sécuriser des emplois industriels et de bâtir une chaîne de valeur locale (batteries, électronique, infrastructures). Les constructeurs européens de voitures électriques jouent ici un rôle clé pour maintenir l’Union européenne dans la compétition mondiale.

2035 et la fin des moteurs thermiques : quel avenir pour les voitures électriques en Europe ?

La fin du thermique en 2035 n’est pas un pari risqué, mais une trajectoire rationnelle, et déjà validée par les tendances de marché. La clause de revoyure de 2026 apportera sans doute de nouveaux débats, mais elle ne doit pas remettre en cause le cap.

La vraie question est désormais opérationnelle : comment organiser, financer et fiabiliser l’infrastructure, et comment structurer une filière européenne compétitive ?

L’Europe a dix ans pour transformer ce cadre réglementaire en avantage stratégique. De cette capacité dépendra sa place dans l’économie automobile mondiale et l’avenir de ses voitures électriques face aux grands constructeurs du monde entier.
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